Saturday, March 31, 2012

Le choc des piercings ... et puis les soins



Avoir des piercings au bout des seins : je l'avais désiré secrètement pendant des années, parfois plus intensément que d'autres, parfois en projet avec un D. J'avais envie que cet acte aie du sens, si j'allais le faire. Je ne me voyais pas le faire toute seule. Récemment, avec Choupinette, un ami, nous avions eu l'idée de se faire percé en même temps, comme une complicité amicale, mais rien s'est fait.

Puis D/Ange est entré dans ma vie, très lentement au départ. Nous nous sommes enflammés, et au bout de trois semaines, il m'a déclaré comme étant sa soumise, /seXteen. Et, comme un cadeau d'anniversaire, et pour cristalliser notre lien, il a décidé de m'offrir la pose de ses anneaux.
Impatiemment, passionnément, nous avons pris date. Nous avons compté les heures. Et puis c'était fait, j'étais à ses côtés, les anneaux d'acier chirurgical étaient dans ma chair. Je lui appartenais.

Subitement, j'étais frappé par la réalisation que j'avais passé tellement de temps auparavant à me concentrer sur la douleur de l'instant exacte du piercing, que je n'avais jamais considéré les 24 premières heures, ni les premiers jours. Jamais. Pas une fois quand je regardais quelques videos des piercings sur YouTube, ou des photos de bijoux des seins sur le web.
Et j'étais surprise par ma réaction.

Le lendemain matin , j'ai failli m'évanouir dans la douche, jeune fille fragile que je suis. Après avoir enlevé les bandages, me voyant dans le miroir, je n'ai pas reconnu mes seins. Je pouvais à peine regarder ces anneaux au diamètre surdimensionné (il me semblait : 25mm en diamètre  x 2,4mm d'épaisseur - dimension nécessaire pour que le trou cicatrise droit). Les marques d'entrée et de sortie avait fait des bleues presque noires, ce qui me donnait la nausée.
Après avoir pris ma douche malgré ma tête qui tournait, j'ai dû m'allonger pendant un moment avec D/Ange. Il m'a accompagné pour les étapes 2 et 3 (eau physiologique / spray désinfectant, essuyés avec des compresses stériles), tandis que j'ai délicatement tourné les anneaux dans les piercings.
Finalement j'ai appris à les nettoyer dans la douche le matin, et doucement au-dessus de l'évier le soir.

Avant d'aller travailler, je scotchais une compresse sur mes tétons pour que les piercings ne touchent pas mon soutien-gorge : ainsi les anneaux restaient fermement en place pendant la journée. La nuit, je dormais avec un nuisette pour que les anneaux ne s'accrochent pas à quelque chose.

La douleur initiale s'est calmée au bout d'une journée plus au moins, mais le mouvement des anneaux, ou un contact soudain, lançait de nouveau des étincelles électriques.
Je ne savais pas si cette sensibilité passera une fois cicatrisée, ou si je sentirai toujours cette sensibilité.

Au bout d'une semaine, la plaie semblait bien se guérir; à la fin de la seconde, la peau se serrait, formant des petites croûtes aux points de l'entrée/sortie du piercing, et je tournerais chaque anneau doucement à droite et à gauche après les avoir éclaboussé avec de l'eau, pour détacher l'anneau de ma chair.

Le choc a duré trois jours. Je m'en suis sortie au quatrième, avec quelques moments de blues. Je pouvais finalement me regarder dans la glace.
Qu'est-ce que j'avais fait à mon corps ? J'étais consciente de ce que je faisais, mais je ne m'attendais pas à ma réaction.
Je puisais profondément dans mon subconscient, au bord de la pubescence, vers 11-12 ans. Un sentiment d'être embarrassée, presque honteuse, au changement de mon corps —je le couvrais, le cachais— j'avais besoin de retrouver de la confiance, pour assumer ma nouvelle condition…

Ce lien direct à mon adolescence est un thème profond de mon expérience BDSM: cette jeune fille qui voyait la transformation de son corps à en devenir femme, ainsi que d'autres de mes réactions adolescentes : la rébellion, les bouderies…
Je me suis toujours demandée pourquoi j'ai ce bouton qui se déclenche parfois, qui me ramène à mon adolescence —toujours quand je l'attends le moins— et qui me frappe comme un double-whammy.
Et j'ai l'impression que je sais finalement pourquoi : c'est parce que mon BDSM est si profondément lié à ma sexualité.

Est-ce que je me sens comme Son esclave ? Sa captive ? Ce métal incorporé dans ma chair 24/7, ces anneaux qui me gênent dans mes mouvements naturels, au moins pendant la cicatrisation, cet symbole de ma condition : je l'ai vécu seule, comme nous ne nous pouvions pas nous voir avant deux semaines.

Lui seul a le droit de toucher ces anneaux, Ses anneaux. Pour le moment, il les embrasse doucement, les soulevant légèrement avec sa langue ou son doigt lorsque qu'il caresse mon clito.

Nos anneaux. Cette promesse, cet acte, ce lien.

photo © SpyPrincesse 2012

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